Notre époque voit se multiplier, dans la confusion des repères et du vocabulaire, des conflits qui témoignent que le paysage devient un enjeu social d'une importance déterminante. Il importait de mettre en relief quelques idées fortes, combinant unitairement diverses échelles d'espace et de temps pour saisir, de manière cohérente, pourquoi la notion de paysage n'existe ni partout ni toujours, pourquoi la société française de cette fin de millénaire est si avide de paysage, pourquoi, suivant les cas, le passage d'une autoroute peut massacrer ou au contraire aviver l'identité d'un lieu...
L'espace de la société japonaise, c'est aussi bien la manière dont le moi s'y pose face au monde que celle dont les paysans ont mis en valeur les plaines de l'archipel ; c'est le plan de la citadelle du shôgun à Edo, mais tout autant certains principes managériaux des grandes entreprises. En effet, chaque société organise son espace selon une logique d'ensemble qui lui est propre : cette organisation reproduit analogiquement les mêmes principes au plan mental et au plan social, tout comme au plan matériel. La logique d'ensemble de la spatialité japonaise repose sur une assise culturelle radicalement différente de la nôtre. Elle n'est donc pas transposable comme telle ; mais son efficacité comme ses limites nous invitent à comprendre ce qu'a de particulier, donc de dépassable, notre propre vision du monde.
Plus de soixante auteurs, choisis parmi les meilleurs spécialistes français, occidentaux et japonais, présentent les traits essentiels de la civilisation japonaise, couvrant les arts, la littérature, la pensée, la société, la vie quotidienne, la technologie contemporaine... L'histoire est condensée sous forme de chronologie synthétique, la géographie sous celle de cartes.
L'existence humaine est géographique : non seulement nous avons nécessairement un lieu physique sur la planète, mais notre être se fonde sur le couplage structurel d'un corps animal et d'un milieu technique et symbolique, son complément à la fois social et écologique. Ce couplage engendre la réalité des milieux humains, dont l'ensemble forme l'écoumène : le rapport onto-géographique de l'humanité avec la Terre.